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Berenice Bento

Berenice Bento est sociologue à l’Université de Brasilia et vice présidente de la Brazilian Homocultural Studies Association. 

Liens avec les féminicides

Elle propose une analyse d’un phénomène particulièrement alarmant au Brésil, qu’elle appelle le « transféminicide ».

Positionnement

Se basant sur la conceptualisation du feminicidio, le transféminicide désigne « une politique éparse, intentionnelle et systématique d’élimination de la population trans’ au Brésil, avec pour mobiles la haine et le dégoût ». Elle qualifie ces assassinats de transféminicides, au sens où l’origine de ces violences réside dans le genre.

Afin de caractériser le transféminicide, elle parvient à six occurrences :

 

1. La motivation de l'assassinat est le genre, non la sexualité de la victime. « La personne est assassinée non seulement parce qu'elle rompt ses liens avec la destinée naturelle de son corps-générique, mais parce qu'elle le fait publiquement. »

2. La mort est ritualisée. « Les corps sont mutilés par des dizaines de coups de couteaux, par d'innombrables tirs. Les corps sont écartelés par le poids du véhicule qui les écrasent, à plusieurs reprises. »

3. L'absence de poursuites pénales. « Ce désir social d'élimination de l'existence trans est en connivence avec l'État brésilien. »

4. Les familles des personnes trans réclament rarement les corps.
Il n'existe ni deuil, ni mélancolie.

5. Leurs identités de genre ne sont respectées ni dans le certificat du légiste, ni dans la préparation du corps, ni dans l'acte de décès. 

6. Les morts se produisent dans des espaces publics, principalement dans des rues désertes, la nuit.

Arguments utilisés

Alors que les victimes trans sont considérées à tort au Brésil comme « travesties » et victimes d’homophobie*, Berenice Bento considère que les meurtres transféminicides sont symptomatiques d’une vision de la place de la femme dans la société : « Si le féminin représente ce qui est dévalorisé socialement, quand ce féminin est incarné dans des corps nés avec un pénis, il se produit un débordement de la conscience collective, structurée autour de la croyance que l’identité de genre est l’expression du désir de chromosomes et d’hormones. Quelle est la signification de ce débordement ? Qu’il n’existe pas d’appareil conceptuel, linguistique, justifiant l’existence des personnes trans. » Ainsi, la violence cible particulièrement la figure féminine, résultante du rejet et de la stigmatisation, et pouvant aller jusqu’au meurtre.

Ressources 

Elle s’appuie notamment sur les données de la plateforme d’observation internationale des meurtres de personnes trans Trans Murder Monitoring, en activité depuis 2009, dont les résultats sont publiés chaque année par Transrespect versus Transphobia Worldwide (TvT). Selon ces données,  Entre janvier 2008 et avril 2013, 486 morts ont ainsi été comptabilisés. C’est quatre fois plus qu'au Mexique, qui se place en deuxième en termes de nombre de cas recensés. Pour B. Bento, les chiffres officiels seraient bien en deçà de la réalité.

Elle cite également l'ONG Transgender Europe, selon qui le Brésil est le pays dans lequel le nombre de meurtres de travestis et de transsexuels est le plus élevé au monde.

 « Ces chiffres mésestiment la réalité. Chaque jour nous parviennent, via les réseaux sociaux,

des récits de jeunes transsexuels ou travestis sauvagement torturés et assassinés. »

Berenice Bento

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