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A

 

Abolitionnisme (à ne pas confondre avec l’abolitionnisme pénal) : Mouvance féministe luttant pour l’abolition de la prostitution, en passant notamment par une dépénalisation de ce qu’elle considère être les victimes du système prostitutionnel. Pour les abolitionnistes, la prostitution est une forme de violence. OLF, Catherine Le Magueresse ou Yael Mellul en font partie.

 

Abolitionnisme pénal : Mouvement qui a pour objectif d’abolir la prison en particulier, et le système pénal en général. Gwénola Ricordeau participe activement à ses réflexions, qui sont principalement menées en Amérique du Nord. Elle précise que l’abolitionnisme n’est pas « un simple appel à renoncer au privilège qu’est le recours au pénal, mais à penser comment prendre en charge toutes les victimes et les préjudices qu’elles ont subis, » notamment à travers une justice transformative. Les arguments avancés sont principalement le manque d’efficacité du système pénal pour réduire la criminalité, voire ses effets entretenant ou générant au contraire de la criminalité. Il est perçu comme une lutte féministe par une partie minoritaire des mouvements féministes.

 

Assassinat : Meurtre avec préméditation.

C

 

Continuum de violences : Concept qui désigne l’ensemble des formes de violences que peut subir une femme au cours de sa vie (sexuelles, physiques, psychologiques, économiques, etc). Le féminicide est souvent considéré comme la forme la plus extrême de ces violences, et donc comme une « borne » à ce continuum. Aurélie Latourès ajoute que le continuum existe entre les formes de violences, mais aussi dans tous les espaces et domaines de la vie des femmes : sphères privée, publique et professionnelle.

 

E

 

Emprise (phénomène ou relation d’emprise) : Structure de domination psychologique au sein d’une relation, exercée par une personne sur une autre. Les conséquences de l’emprise sur la victime sont nombreuses : inhibition, anesthésie, absence de réaction, sidération, voire anéantissement, et surtout, culpabilité. Yael Mellul se bat pour sa reconnaissance en droit.

 

Essentialisme : Idée selon laquelle les hommes et les femmes sont différent.es par essence, à la fois dans leur physiologie mais aussi jusque dans leur façon d’être et d’agir. Ce concept est utilisé dans le cadre de la controverse sur le féminicide, notamment par certaines actrices (dont Catherine Le Magueresse) qui voient dans ce terme « féminicide » une sorte d’essentialisme en ce qu’il se rattache au « féminin », qui regroupe les caractéristiques que la société attribue à l’être assigné femme à la naissance, pour en faire ce qu’elle considère être une femme. 


 

F

 

Féminicide anti-féministe : Il s’agit du meurtre d’une ou plusieurs femmes par un ou plusieurs auteurs dont le mobile principal et non dissimulé serait d’asseoir la domination masculines sur les femmes. Pour Margot Giacinti et Mélissa Blais, l’attentat antiféministe de l’Ecole polytechnique de Montréal constitue un féminicide antiféministe (Marc Lépine, son auteur, ayant revendiqué que son passage à l’acte procédait de son refus de voir des femmes « prendre la place des hommes » dans cette école).

 

Féminicide intime : Le meurtre d’une femme par son mari / partenaire ou ex-mari / ex-partenaire, il est caractérisé par rapport à l’existence, présente ou passée, d’une relation intime entre l’auteur du meurtre et la victime. C’est le féminicide dont on parle le plus en France, c’est également celui qui est souvent utilisé pour les comptages

 

Féminicide non intime : Par opposition au féminicide intime, il n’est pas défini par la relation entre l’auteur et la victime, qui est donc souvent inexistante, ou éloignée. Plusieurs des catégories de féminicides identifiées par l’ONUDC peuvent entrer dans le féminicide non intime, comme par exemple les meurtres ciblés dans le contexte de conflits armés, la mise à mort des femmes en raison de leur orientation sexuelle, etc. 

 

Féminicide de masse : Faisant référence au nombre de victimes, le terme est employé par Diana Russell pour désigner par exemple les victimes du SIDA ayant contracté la maladie à cause du refus de leur partenaire sexuel de porter un préservatif. Le cas le plus cité reste celui de Ciudad Juárez (Mexique), et l’attentat antiféministe de l’Ecole Polytechnique à Montréal en 1989 est également considéré comme un féminicide de masse.  

 

Feminicidio : Terme latino-américain théorisé par Marcela Lagarde suite aux meurtres en masse de femmes qui ont eu lieu dans certains pays d’Amérique Centrale et du Sud (en particulier à Ciudad Juárez, au Mexique) et en s’appuyant sur les travaux antérieurs de Diana Russell. La principale différence entre le feminicidio et le féminicide est que le premier intègre la dimension d’impunité causée par l’inaction de l’Etat. D’après certaines actrices, dont Marylène Lapalus, mais également Saide Mobayed de la Vienna Femicide Team, ce terme permet une repolitisation du concept. 

Féminisme de la deuxième vague : D’après la sociologue Johanna Dagorn de Goïtisolo*, ce courant se forme au cours des années 1960. Il précède la troisième vague (« post-féministe »), qui se joue davantage sur le terrain social médiatique, car les droits sont acquis sur le plan légal. Contrairement à la première vague, qui vise l’égalité civique (voir ci-dessous), il « révèle une profonde mutation des mœurs et des représentations : l’objectif principal est désormais la maîtrise du corps fécond. » La période est caractérisée par une augmentation du niveau de vie et donc des conditions de vie des femmes, entraînant une volonté de maîtrise des naissances. La liberté sexuelle et le droit à l’avortement seront accompagnés de réflexions sur le patriarcat et le gender. « C’est à partir des années 1970 que des courants féministes divergents (à l’instar des sciences humaines) prennent forme, majoritairement par des féministes universitaires américaines. Des militantes des années 68, on passe à des courants de pensée féministe. » Au féminisme universaliste s’oppose le différentialisme féministe, et les « grandes tendances » sont les féminisme libéral égalitaire ; féminisme marxiste ; féminisme radical, et black féminism, qui constituent les racines des courants actuels.

Féminisme de la première vague : Toujours d’après la sociologue J. Dagorn de Goïtsolo, il s’agit d’un « féminisme de l’égalité ». Le courant émerge sous la Troisième République (1870 - 1940) et « se concrétise avec les suffragettes, qui, au début du 20ème siècle se sont battues en Angleterre pour le droit de vote. Soutenues par certains hommes, elles ont conquis des droits politiques : le droit de vote, le droit d’occuper des fonctions publiques et la reconnaissance de leur statut de “personne” à part entière. De nombreuses associations, nationales et internationales se constituent autour de 1900 : elles préparent des rassemblements où les arguments, les projets, les programmes sont élaborés. (...) Cette première vague mixte a permis, à l’instar des champs dominés par les sciences économiques, sociales et politiques d’accéder à l’égalité civique. Engagées politiquement, ces pionnières portaient un projet féministe collectif et global, en lien avec le social. »

G

 

Généricide : Concept désignant un homicide lié au genre, qu’il soit féminin ou masculin. Son utilisation est évoquée notamment par Diane Roman en ce qu’il permet d’inclure notamment « toute personne qui transgresse des normes de genre du fait de son identité ou de son orientation sexuelle : personnes transgenres, homosexuel.les ». Elle exprime néanmoins quelques réserves concernant son utilisation pour le cas des foetus féminins dans le cadre des avortements sélectifs, qui pour elle pourrait constituer un « glissement dangereux, tendant à assimiler fœtus et personne ».

 

Génocide féminin : Utilisé notamment par l’écrivaine et activiste pour les droits des femmes Rita Banejri pour désigner l’extermination de 50 millions de femmes en Inde (« The 50 Million Missing Campaign »), à travers une violence ciblée contre elles, sous des formes multiples : fœticides féminins à travers des avortements forcés, infanticides féminins, meurtres motivés par la dot, et crimes d’honneur.  

 

I

 

Incel : mot issu de la contraction des mots anglais involuntary et celibate (« célibataires involontaires »). Formant une communauté créée sur internet, les incels désirent avoir, mais n’ont pas, de relations sexuelles avec des femmes, et perçoivent ces dernières comme la cause, voire les responsables de leurs problèmes. Se plaçant en marge de la société, Incel s’apparente à une idéologie portant sur le genre et la sexualité, ainsi qu’à une sous-culture où la figure masculine adoptée ne correspond pas à celle qu’attend la société.

M

 

Mémoire traumatique : Concept notamment développé par Muriel Salmona. La mémoire psycho-traumatique fait suite au stress post-traumatique, et implique pour la victime de violences conjugales de revivre mentalement, encore et encore, les paroles de son agresseur. Cette mémoire traumatique peut provoquer chez les femmes qui la subissent des conduites addictives, des troubles du comportement alimentaires, ou même des tentatives de suicide. En savoir plus ici

 

R

 

Racisée, racisé : Terme sociologique employé pour désigner une personne qui est perçue comme n’appartenant pas à la norme « raciale », mais est au contraire assignée à un groupe selon les critères qu’on lui attribue.

D’après le docteur en sociologie Christian Poiret*, la racisation est un processus qui exprime « un rapport social de domination-subordination qui fonctionne par référence aux origines », et qui est utilisé à l’échelle individuelle comme structurellement pour attribuer des critères sociaux à des groupes perçus comme tels. « Si les “races” humaines n’existent pas, des groupes racisés existent. »

 

S

 

Sidération : L’association Mémoire traumatique et victimologie la définit par des « mécanismes psychologiques et neurobiologiques exceptionnels de sauvegarde exceptionnels qui se mettent en place lors du traumatisme. » Ils sont enclenchés par le cerveau dans des situations de menace ou de terreur « pour échapper à un risque vital ». « Le non-sens de la violence » rend alors toute analyse impossible, ne laissant « qu'un état de stress extrême ». L’image la plus parlante est celle d’un court-circuit : « le cortex va faire disjoncter le circuit émotionnel » pour sauvegarder les organes vitaux. La sidération est donc une réaction naturelle de protection, mais qui impacte durablement les personnes qui la vivent car ses mécanismes, s’ils ne sont pas pris en charge, « risquent de transformer la vie des victimes en “un enfer” » d’après Muriel Salmona.

 

Suicide altruiste : Utilisé pour désigner l’acte de meurtre lorsque celui-ci a pour mobile de mettre fin aux souffrances d’une personne malade ou âgée. 

 

Suicide forcé : Le fait, pour une femme victime de violences conjugales (sexuelles, physiques, et/ou psychologiques), de mettre fin à ses jours pour échapper à cette violence. Yaël Mellul fait partie des actrices les plus mobilisées sur le sujet en France, elle préside en 2019 lors du Grenelle contre les violences faites aux femmes un groupe de travail sur le sujet. En résulte une proposition de loi sur la protection des victimes de violences conjugales, d’ors et déjà votée par l’Assemblée Nationale et transmise au Sénat, qui prévoit de faire du suicide forcé et de sa tentative une circonstance aggravante au délit de harcèlement. 


 

T

 

TERF (pour « trans-exclusionary radical feminist ») : acronyme qui désigne des courants féministes ne considérant pas que les femmes trans sont à inclure dans les luttes féministes, car elles ne sont pas des femmes.

 

Trans : d’après l’Observatoire des transidentités, le terme « trans » est l’équivalent de « transgenre » ou personne « transidentitaire ». Il désigne une personne « qui n’identifie pas ou pas seulement ou complètement au genre associé avec l’assignation à son sexe-genre de naissance (...) On peut aussi écrire trans* ou trans’ pour souligner le fait qu’il y a plusieurs identités possibles qui sont regroupées sous le terme ». Les militant.es de Queer Paris rappellent que les termes de transexualisme ou transexualité « sont empruntés à la classification des maladies mentales des manuels de psychiatrie, (et qu’iels préfèrent) le terme de transidentité-s. »

 

Transféminicide : Terme proposé en 2014 la sociologue Berenice Bento pour désigner « la politique généralisée et intentionnelle d’élimination de femmes trans » au Brésil. Pour en savoir plus, voir l’article Droits des femmes, droits des trans : CEC et Droit à l’avortement par Karine Espineira, publié sur le site de l’Observatoire des Transidentités. 
 

Transgenre : voir « Trans ». En France, d’après l’Observatoire des transidentités, « transgenre » désigne parfois des personnes « qui ont une identité de genre trans et vivent dans le rôle de genre de leur genre psychologique, mais ne veulent pas suivre un parcours complet d’opérations etc (par exemple MTF ne voulant pas faire une vaginoplastie) ».

 

Transsexuel.le : les militant.es de Queer Paris trouvent ce terme « problématique car il induit une confusion et un amalgame avec les questions de sexualité alors que la transidentité est une identité. On préfère employer le mot “trans” plutôt que “transsexuel” ». Il « désigne généralement une personne transidentitaire qui s’identifie de manière durable au sexe contraire à celui qui lui a été assigné à la naissance et veut faire un parcours de traitements hormonaux et chirurgies ». Ainsi « trop focalisé sur le sexe », l’emploi du terme est contesté.

 

Travailleur.se.s du sexe : Personnes dont l’activité consiste à vendre des services de nature sexuelle. Le terme recouvre à la fois les prostitué.e.s, mais également les acteur.ice.s porno, les accompagnant.e.s sexuel.le.s, les opérateur.ice.s de téléphone ou webcam érotique, etc. Dans le courant abolitionniste, l’utilisation de ce terme est majoritairement rejetée car perçue comme une légitimation du système prostitutionnel qui exerce une forme de violence sur les femmes notamment. On parle alors de « personne en situation de prostitution ».

 

 

Universalisme : Concept juridique qui découle de l’article 6 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (1789) et qui signifie que chaque citoyen doit avoir accès aux mêmes droits et à la même protection par la loi. Celui-ci est souvent utilisé comme argument par les acteur.ice.s qui s’opposent à l’introduction du féminicide dans le Code pénal.

 

Uxoricide : du latin uxor qui signifie l’épouse, il désigne le meurtre de l’épouse par son mari. Il apparaît dans le droit romain comme un « permis de tuer » pour le mari qui surprend son épouse en flagrant délit d’adultère. Il disparaît totalement du droit français à la Révolution. En savoir plus ici (M. Giacinti, Le Figaro)

 

V

 

Violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner : L’auteur des violences a eu l’intention de blesser sa victime, mais pas de la tuer. Doit être distingué du meurtre (où l’intention de tuer est déterminante) et de l’homicide involontaire (où l’auteur n’a ni l’intention de tuer ni de blesser sa victime). Punies de 15 ans de réclusion de criminelles selon l’article 222-7 du Code pénal. 

 

Violences fémicides : Plus larges que le féminicide, permet d’englober les suicides forcés, les décès suite aux maltraitances, mais aussi les victimes dites « collatérales », qui sont souvent les enfants des femmes tuées. L'expression est notamment employée par Magali Mazuy.

 

Violences obsétricales / gynécologiques : Selon la définition de l’Institut de Recherche et d'Action pour la Santé des Femmes (ISRAF), ces violences sont un « ensemble de gestes, de paroles et d’actes médicaux qui vont toucher à l’intégrité physique et mentale des femmes de façon plus ou moins sévère. Ces actes ne sont d’une part, pas toujours justifiés médicalement, et d’autre part, s’opposent pour certains aux données et recommandations scientifiques actuelles. » Elles ont lieu pendant les visites gynécologiques, le suivi de grossesse, l’accouchement et le post-partum. Pour Magali Mazuy, ces violences font partie du continuum et contribuent à installer la souffrance comme norme dans la vie des femmes.

* « Les trois vagues féministes : une construction sociale ancrée dans une histoire », Laboratoire EA 4140 (Laboratoire Cultures, Education, sociétés) Université Bordeaux Segalen, Observatoire International de la Violence à l’Ecole, 2011

* Poiret, Christian, « Les processus d’ethnicisation et de raci(ali)sation dans la France contemporaine: Africains, Ultramarins et ‘Noirs’ », Revue européenne des migrations internationales, 2011

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