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Prévenir le passage à l’acte

Dangerosité et passage à l’acte

Le premier enjeu de prévention du passage à l’acte réside dans l'identification et la quantification de la dangerosité et du risque de meurtre. Les diverses études (et notamment Gaillard en 2008) sur le sujet mettent en évidence deux modèles principaux

  • l’un vise à évaluer le risque à partir de caractéristiques de personnalité (capacité à gérer l’agressivité, degré de contrôle personnel et de mentalisation…)

  • l’autre repose sur des corrélations statistiques (coprésence de circonstances facilitatrices, présence ou absence de contrôles sociaux...)

 

Il s’agit donc en premier lieu de s’intéresser à la catégorisation et aux profils-types des auteurs de féminicide, pour identifier d’éventuels schémas d’analyse des dynamiques et des circonstances de passage à l’acte, pour mieux les prévenir. 

Emprise comme pulsion
ou comme relation : le féminicide
à l’épreuve des « rôles »
de victime et d’agresseur ?

Le deuxième enjeu de prévention est davantage controversé, puisqu’il repose sur la nature même de l’emprise, qui constitue le principal ressort psychologique du continuum de violences dans lequel s’inscrit le féminicide selon de nombreuses actrices. 

 

Elle peut en effet se comprendre comme une pulsion, au sens freudien du terme, c’est-à-dire comme l’expression irrépressible d’un besoin, qui passe par  la recherche de la suppression de l’état de tensions qui en découle. La prévention du passage à l’acte supposera alors d’intervenir au niveau des potentiels auteurs de féminicide, pour identifier le degré et la dangerosité cette pulsion d’emprise

 

Pour autant, d’autres études la définissent comme une relation, qui implique que l’un de ses membres prenne le « rôle » d’agresseur, et l’autre celui de victime. En ce sens, prévenir le féminicide aurait également un sens du côté des victimes, en analysant les processus de «victimation», c’est-à-dire les conditions de sa transformation en victime bien en amont du passage à l’acte violent. 

Approche psychologique
et/ou sociale ? 

Les outils et pistes de prévention sont également liés à la nature de l’approche des mécanismes du féminicide, en termes principalement sociologiques et/ou psychopathologiques. Il est ainsi compris comme un effet de l’inégalité de genre dans notre société d’un côté, et comme un phénomène de l’ordre de la clinique de la criminalité en général de l’autre. Il s’agit en somme d’expliquer le féminicide à partir d’une détermination extérieure (sociale et sociétale) et/ou intérieure (inconscient et processus psychiques)


La psychologie sociale s’inscrit précisément au carrefour de ces deux approches, ainsi que le soulignent Annick Houel et Claude Tapia : « Les travaux de nombreux chercheurs nord-américains mais aussi français ont clairement démontré que le poids des modèles sociaux de relations privées entre hommes et femmes, et en particulier la persistance du modèle inégalitaire, comptent pour beaucoup dans le processus qui conduit au meurtre du conjoint ; d’un autre côté, les travaux de criminologues ou de psychanalystes spécialisés dans l’étude de la criminalité ont bien théorisé les processus psychiques qui conduisent au crime en général, ou au crime sexuel (cf. C. Balier et ses successeurs) en termes essentiellement psychopathologiques. Au fond, il s’agit pour nous de mettre en évidence les liens qui existent entre la domination masculine et les positions, à la fois subjectives et sociales, que peuvent assumer ces hommes et ces femmes »*.

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